Les défis de la voiture autonome


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A force de lire des articles et d’en entendre parler, on l’a compris : un jour pas si lointain (la plupart des analystes parlent de 2020) circuleront sur nos routes les premières voitures autonomes grand public. Qu’il s’agisse des constructeurs automobiles « historiques », d’acteurs plus récents comme Tesla ou d’un géant de la Silicon Valley comme Google, nombreux sont ceux qui investissent de lourdes sommes en R&D pour peaufiner leur modèle de voiture autonome, se préparant pour une révolution sans précédent d’un secteur qui fut l’un des fleurons industriels du 20ème siècle.

On a sans doute peine à imaginer aujourd’hui les impacts que la voiture autonome aura sur nos vies et nos sociétés, et les défis que cela représente. Essayons quand même d’en lister quelques uns :

1. Qui remportera la bataille du constructeur ?

Evidemment c’est la 1ère question : les constructeurs historiques – Peugeot, Renault, Mercédes, Ford… - seront-ils toujours demain les leaders du secteur ou assistera-t-on à une nouvelle génération de constructeurs, issus des géants du net, voire même de nouveaux acteurs qu’on ne connaît pas encore ? Autre scénario les constructeurs d’aujourd’hui deviendront ils les fournisseurs industriels des marques autodigitales de demain ? Toutes les hypothèses sont permises.

Voitures logo



2. Qu’est-ce qui comptera pour les conducteurs ?

Les facteurs clef d’achat d’un véhicule aujourd’hui sont bien connus : d’un côté des facteurs rationnels comme le rapport qualité/prix, la taille, l’ancienneté, la sécurité, l’équipement… De l’autre des facteurs plus émotionnels comme le statut social, le plaisir de conduire, les options …

Mais demain ? Si un des drivers principaux, le plaisir de conduire, a disparu, alors les gens privilégieront-ils avant tout le confort de l’habitacle ou la qualité de l’équipement entertainment ? Et s’il n’y a plus de risque d’accident alors la question de la sécurité cèdera-t-elle la place à la voiture autonome capable de nous proposer la meilleure connection internet ?... On vous laisse continuer la liste des hypothèses car on sent que ça peut aller très très loin. Et très sérieusement rebattre les cartes du point précédent de ce billet.

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3. Que deviendra le transport de personnes ?

Il y a des signes qui ne trompent pas : les UBER, Lyft et autres acteurs Siliconiens du transport de personnes s’intéressent de près à la voiture autonome. Des accords sont en cours ou signés.

Le secteur des taxis et transport de personnes doit-il s’attendre à un 2ème Tsunami ? Les « uberiseurs » sont déjà dans la course, les acteurs traditionnels vont-ils une nouvelle fois être dépassés et cette fois définitivement enterrés ?

4. Les embouteillages vont-ils disparaître ?

Vous imaginez ça, un monde sans embouteillages ? Ce serait formidable n’est-ce pas ?!

Les voitures autonomes connectés ont des antennes que nous n’avons pas, même si des applis comme Waze nous aident à optimiser nos parcours. Mais avec les voitures autonomes on peut imaginer que les véhicules règleront la vitesse ou le trajet beaucoup plus finement que ce que les conducteurs font aujourd’hui, en fonction des données extérieures – allure de la flotte environnante, présence de feux rouges, détection de ralentissements – de sorte à résorber les zones de ralentissement… Alors évidemment il ne faut pas tout à fait rêver pour tout de suite non plus. Cet article nous rappelle que de tels effets ne seront vraiment visibles que lorsque 100% de la flotte sera autonome et connectée ce qui est à envisager plus dans le long que le moyen terme. Damned.

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5. Qui nous connectera ?

Roh, la méga guerre de la connectivité qui se prépare. Entre ceux qui se battent déjà pour être embarqués dans les véhicules connectés, et ceux qui voudront leur part du gâteau, entre le tableau de bord et le système d’entertainment / de travail, parions sur une méga guerre entre les opérateurs téléphoniques, internet, software, en veux tu en voilà je t’en redonne. Comme en son temps VHS supplanta PAL, des constructeurs disparaîtront-ils car ils auront signé avec le mauvais opérateur ? Choisi la mauvaise norme ou technologie ? Tout dépend du point 2 de cet article, mais on parierait que ce sera sacrément crucial.

6. Les enjeux de sécurité seront-ils digitaux ?...

Si aujourd’hui on se dit qu’on a plus de chance de ressortir vivant d’un accident si on roule en Volvo qu’en Lada, mettra-t-on demain nos deniers auprès de ceux qui auront su nous convaincre que leur système informatique est le mieux protégé du marché ? Le hacking des véhicules connectés est aujourd’hui l’un des enjeux majeurs de l’avenir de l’automobile.

7. … ou une question de programmation ?

Il est démontré qu’avec un véhicule autonome le risque d’accident diminue drastiquement ; il n’atteindra jamais la nullité pour la simple et bonne raison qu’il restera toujours un facteur humain : autre véhicule conduit manuellement , piéton, cycliste etc, voire élément extérieur type chute d’objet ou autre. Une des grandes questions éthiques est donc « comment programmer le véhicule en cas d’accident inévitable » ? A « sacrifier » le conducteur ? L’autre véhicule ? Le piéton ? En cas de carambolage à envoyer votre voiture dans la voiture familiale en face plutôt que le scooter car la première est plus solide, mais tant pis si à son bord il y a 2 enfants. A vous envoyer dans un mur ou par-dessus une falaise plutôt que dans une autre voiture car ainsi il n’y aura qu’un mort plutôt que 3 ? Avouez que ces questions donnent le vertige et la chair de poule.

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8. Qui sera responsable ?

Les questions du point précédent en soulèvent d’autres : choisira-t-on avant tout un véhicule pour son constructeur, son électronique ou la personne qui a programmé l’algorithme qui préside aux décisions du véhicule ? En cas de défaillance du système, sera-t-on réellement capable de faire la part des choses ? On peut imaginer à quel point dans les années à venir ces questions animeront le débat public et sans nul doute législatif.

9. Qui (ou quoi) sera assuré ?

Passerons-nous alors d’une assurance des conducteurs à une assurance des véhicules, peu importe qui monte à bord ? Et si oui, les questions du point 7 et 8 seront-elles primordiales pour établir les primes ? On imagine bien que chez les assureurs, la matière grise planche elle aussi auprès de ces questions.

La voiture semi ou complètement autonome va rebattre les cartes du secteur automobile. Nulle doute que ce n'est pas la dernière fois que nous aborderons ce sujet sur ce blog. Alors on vous donne rendez-vous pour de futures réflexions.

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